Comment Microsoft Teams a gagné la bataille contre Slack en France
Au sein des PME française, le taux de pénétration de la messagerie collaborative de Microsoft atteint 33%, loin devant Slack qui ne compte que 8% de parts de marché.
C’est une déferlante. Selon le dernier sondage JDN / Club Décision DSI mené auprès d’entreprises basées en France, principalement des PME, la part de marché de la messagerie collaborative de Microsoft, Teams, a bondi de 6 à 33% entre 2018 et 2019. Quant à celle de Slack, elle fléchit par ricochet de 14 à 8%. Quand on sait que Microsoft compte à terme fondre Skype for Business dans Teams pour ne proposer plus qu’un seul produit, il est clair que l’adoption de sa messagerie d’équipe pourrait encore s’accentuer. D’autant que son application de communication unifiée, du moins sa déclinaison pour les pros, affiche, elle, un taux de pénétration de 35% au sein des répondants. Et le chantier de fusion de Skype dans Teams est sur le point d’être achevé.
“Beaucoup de nos clients décommissionnent Skype for Business ou Link, de son ancien nom, pour passer à la communication unifiée dans Teams”, constate Bastien Lelann, responsable du pôle analyses du cabinet de conseil français Lecko. “Les deux offres sont interopérables pour permettre une migration en douceur. Il est ainsi possible de lancer un appel vidéo ou audio de Skype vers Teams et inversement.” L’avis du consultant sur la qualité de la messagerie collaborative de Microsoft ? “Il demeure plus difficile de s’y retrouver dans Teams que dans Slack. Mais l’expérience est bien meilleure dans Teams que dans Hangouts Chat, l’offre de team messaging de Google”, argue Bastien Lelann.
Une guerre des prix
Sur la question du modèle tarifaire, Microsoft se détache largement. Comme Slack, le groupe offre d’abord une déclinaison gratuite de son application. Elle se destine aux organisations de moins de 300 collaborateurs. En version payante, Teams est inclus dès le forfait d’entrée de gamme d’Office 365 Business qui coûte 4,20 euros par utilisateur et par mois. Un abonnement qui comprend en plus les briques de base de la suite de Microsoft en version web (Outlook, Word, Excel, PowerPoint et OneNote), sans oublier une capacité d’1 To de stockage sur OneDrive, ainsi que le portail de gestion de contenu SharePoint. De son côté, la version standard de Slack coûte 6,25 euros par utilisateur et par mois. Autre élément financier, l’intégration de Teams à Office 365 ne serait pas sans rassurer les départements des achats sensibles aux prix autant qu’à la notoriété de la technologie d’un grand fournisseur informatique tel que Microsoft.
Quant à Slack, sa force reste son ergonomie, beaucoup plus simple à appréhender que celle de Teams, ainsi que le grand nombre de ses extensions applicatives, 1 500 au total, contre quelques centaines pour son concurrent.
Quelle application de chat votre organisation déploie-t-elle en priorité ?
Le nouvel ensemble Teams/Skype for Business ne supprimerait pas pour autant les problématiques d’adoption des fonctions de messagerie collaboratives inhérentes à Teams. “Les possibilités issues de Skype for Business font l’unanimité. Ce n’est pas le cas du team messaging en tant que tel. C’est ce que nous constatons chez nos clients via notre outil de monitoring Lecko Analytics”, constate Bastien Lelann. “Si les usages collaboratifs n’ont pas été cadrés au départ, certaines entreprises peuvent vite se retrouver avec plusieurs centaines d’espaces d’équipe Teams créés à la va-vite, et l’engouement retombera rapidement.”
Pour utiliser Teams à son plein potentiel, le consultant recommande de commencer par définir des cas d’usage : animer, coordonner des entités, des départements, gérer des projets, alimenter des flux de veille, partager des process, des documents de référence…
“Il est également important de définir les extensions à utiliser pour travailler ensemble : par exemple OneNote pour le partage de notes, Planner pour allouer des tâches aux abonnés d’un canal de discussions, etc.”
Une guerre des chiffres au niveau mondial
En termes de part de marché, au niveau mondial cette fois, les deux acteurs se livrent une guerre des chiffres. Slack comme Microsoft revendiquent plus de 500 000 organisations ayant recours à leur solution respective. Reste une différence : dans le cas du premier, les déploiements réalisés le sont principalement par des équipes au sein de start-up ou de départements, et par des métiers (tels l’IT ou le marketing) présentant d’importants besoins en partage d’informations. Fort de cette stratégie, Slack essaime au sein des organisations. Il affiche désormais pas moins de 88 000 abonnés payants, et plus de 10 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. A l’inverse, Teams est retenu pour des déploiements “groupe”, au niveau de l’ensemble d’une entreprise.
Slack a bien cherché à contrer Teams sur ce terrain en commercialisant une version Enterprise de son produit début 2017. Un an après son lancement, la société de San Francisco revendiquait seulement 150 clients séduits par cette offre. Aussi bien des moyennes que des grandes entreprises, voire des start-up avec des besoins particuliers de coordination d’équipes. Du côté de Microsoft, en mars 2019, l’éditeur de Redmond annonçait 150 grandes entreprises clientes, avec pour chacune plus de 10 000 utilisateurs actifs de Teams.
Méthodologie : le sondage JDN / Club Décision DSI / IT Research a été réalisé en mars, avril et mai 2019 auprès de 557 directeurs des systèmes d’information, tous membres du Club Décision DSI. Ils travaillent pour des organisations (privées ou publiques) de taille moyenne ou grande, de 300 à 50 000 salariés, dans 20 secteurs d’activité.
Lire l’article sur journaldunet.com