Comment les data centers participent activement à la réduction de l’empreinte carbone ! Par Stéphane Duproz, Directeur Général de TelecityGroup France.
Il est aujourd’hui de bon ton de pointer du doigt les data centers au titre de leur consommation énergétique. Or c’est un peu vite oublier qu’ils sont des outils massifs de réduction de l’impact carbone ! Le numérique a modifié nos habitudes de consommation et diminué notre impact environnemental : quelques clics suffisent désormais pour réserver des billets de train, sans qu’il ne soit plus nécessaire de se déplacer. Mais au-delà de cette (r)évolution, les data centers contribuent eux-aussi à réduire significativement l’empreinte carbone.
1 kW consommé dans un data centre équivaut à 10 kW qui seraient consommés s’il n’existait pas !
Imaginons 300 sociétés disposant chacune de leur propre infrastructure : 300 onduleurs, 300 systèmes de climatisation, 300 groupes électrogènes…
En comparaison, un data center capable d’accueillir 300 clients, est équipé d’une quinzaine d’onduleurs mutualisés ! Et cette équation se répète pour chacun des équipements. La mutualisation des infrastructures confère à ce titre au data center un impact vertueux sur l’empreinte carbone des entreprises.
Cela ne constitue pas pour autant une finalité en soi. De nombreuses innovations peuvent encore contribuer à la réduction de l’impact énergétique des data centers. L’actualité nous démontre régulièrement que de nombreux projets existent pour optimiser ou réduire la consommation d’énergie des data centers (refroidissement des serveurs par bain d’huile, utilisation de la chaleur générée par les serveurs pour chauffer les installations des collectivités ou des entreprises de proximité, test de pile à combustible, etc.) : des initiatives qui permettront, à terme, d’optimiser l’énergie produite et consommée par ces derniers. Mais faut-il pour autant s’en tenir à ça ?
Etre « responsable » se limite-t-il à réduire sa propre facture énergétique ?
Ou est-ce aller au-delà de son intérêt propre ? Financement de la recherche, utilisation de matériaux écologiques (câbles sans PVC, bannissement des additifs chimiques dans les installations de climatisation, etc.), conception du bâtiment empêchant tout rejet d’effluent liquide dans les réseaux urbains, construction du centre sous le label chantier vert, souscription aux Certificats Equilibre+ d’EDF, utilisation de « nez électroniques » analysant les particules chimiques de l’air pour maximiser l’apport direct d’air extérieur comme moyen de climatisation, etc. sont autant de mesures qui contribuent à réduire l’impact environnemental de notre activité. Certes, ces initiatives ont un coût non négligeable, mais être « responsable », c’est aussi s’investir pour les générations futures. Et l’expérience démontre aujourd’hui qu’une entreprise peut parfaitement être profitable tout en menant une politique hautement « responsable ».
Aussi est-il indispensable que les industriels qui s’engagent dans cette voie vertueuse soient reconnus pour leurs efforts.
Mais encore-faut-il disposer d’un outil de mesure de la performance énergétique adapté. Le PUE (Power Usage Effectiveness) est jusqu’à présent l’indicateur de référence pour les data centers – qui outre la performance énergétique globale du site, traduit l’amélioration ou la détérioration des performances de ce dernier ainsi que les économies générées par les investissements techniques -. Cependant, il affiche aujourd‘hui ses limites : les opérateurs déclarent des PUE cibles plutôt que des PUE effectifs ; l’évolution du cycle de vie du data center n’est pas prise en compte, au même titre que son implantation géographique (zones chaudes vs zones froides) ou son niveau de continuité de service (ou de tiering) ; le PUE indiqué est de plus rarement calculé sur les 12 derniers mois – autant de facteurs qui nuancent la pertinence de ce seul indicateur de performance. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille l’écarter définitivement, mais il ne peut constituer l’unique mesure de performance énergétique des data centers. Indicateur plus récent, le CUE (Carbon Usage Effectiveness) présente l’avantage de mesurer l’empreinte carbone d’un data center (en divisant ses émissions de CO2 par la consommation électrique des équipements IT qu’il héberge, de manière annuelle).
Une autre voie plus exigeante.
La Commission Européenne a défini fin 2008 un code de bonne conduite énergétique pour les centres de données, l’« EU Code of Conduct for Data Centres». Le statut « Corporate » est délivré aux data centers qui ont démontré que l’ensemble de leurs sites répondaient aux exigences énergétiques les plus strictes édictées par ce code de bonne conduite révisé chaque année. Certes la démarche de « compliance » est complexe et représente un investissement conséquent pour atteindre l’excellence du statut « Corporate », mais cette initiative engage les opérateurs à bâtir des sites toujours plus innovants et par conséquent toujours plus performants et moins énergivores.
Investir pour innover ! Plus que jamais, tel doit être le leitmotiv des opérateurs de data centers souhaitant se projeter dans un avenir durable.
Par Stéphane Duproz.